Le dernier train « voyageurs » en gare d’Acoz

En 1988, le « Village N° 1 Reine Fabiola » à Ophain fêtait son 25e anniversaire.

Ses responsables avaient lancé, un peu partout en Wallonie, une invitation pour organiser une journée avec défilé sur leur site, le but étant d’offrir un spectacle et porter un peu de joie et de bonheur à ces jeunes et moins jeunes qui n’ont pas la chance de connaître une vie ordinaire.

L’Association des Marches Folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse a répondu positivement et avait proposé une participation de plus de 1.100 Marcheurs.
Les réunions se succèdent avec les comités de Marche qui désiraient y participer. Une des questions primordiales était le transport. Michel PÂQUES, résidant dans notre village, conducteur à la S.N.C.B., lance l’idée d’un voyage en train. Il interpelle les responsables des Chemins de fer belges et tout se met en place très rapidement. Le départ sera donné de la gare d’Acoz. Et c’est ainsi que la ligne Châtelet-Givet allait revivre, ne fût-ce qu’une journée.

DERNIER TRAIN ACOZ retouché 840 - Copie

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TICKET NON PAYANT 600_InPixio

TICKET PAYANT 600_InPixio

Le rendez-vous est fixé le samedi 21 mai à 11 heures 20 avec un itinéraire bien précis, passant par Châtelineau pour la destination de Braine-l’Alleud.
Les compagnies de Marcheurs, dont la Sainte-Rolende de notre village, ont défilé tout l’après-midi. Le retour s’effectua sans problème, d’autant que la plupart des Marcheurs, conscients du devoir qui les attendait, devaient être au poste et en forme le lendemain pour fêter sainte Rolende.

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La gare d’Acoz était bien triste dans la soirée de ce 21 mai car à 19 heures 30 rentrait son dernier train et elle vivait ses derniers moments d’activité.

Anecdotes

Près de 90 zouaves ont répondu « présent » à cette manifestation, avec dans le cœur un brin de nostalgie lorsque le convoi arrive à hauteur de la défunte usine de Moncheret. Les conversations vont « bon train » et les commentaires fusent : « Wétèz, c’èst drolà dji bouteûs ! » (« Regardez, c’est là que je travaillais ! »), « Eh, wétèz, èl vîye baraque est toudis d’bout ! » (« Eh, la vieille baraque est toujours debout ! »)…

Le Comité d’Acoz a tout prévu : les cannettes de bière et soda sont du voyage … On déguste raisonnablement. Lors du défilé, quelques arrêts sont prévus pour désaltérer les braves soldats. Les minutes s’égrènent, que dis-je ! … les heures !

François BODART, l’homme discret par excellence, profite de l’un de ces arrêts pour satisfaire un petit besoin. Il choisit un endroit. Mais voilà le propriétaire des lieux, semblable à notre Lukaku national à son top niveau, lui administre un shoot bien placé qui, d’après les connaisseurs présents, était d’une fameuse puissance et d’une grande précision. François ne demande pas son reste et nous rejoint sans broncher.

Mais, il ignorait que la scène avait été vue. Le dimanche début d’après-midi, c’est le rassemblement pour la première salve au Château d’Acoz. Quelques copains lui offrent un coussin, l’accessoire idéal pour atténuer les douleurs occasionnées la veille.
Notre jardinier d’un jour jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus !

Un peu d’histoire…

Pour en connaître plus sur cette ligne de chemin fer, j’ai contacté Alain POSTIAU, passionné par le Chemin de fer et son histoire.

Voici son condensé :

  • La ligne 138 (Châtelineau – Florennes Gare de l’Est – 24 km) a été inaugurée le 14 juin 1855.
  • Le dernier train de voyageurs a circulé entre Florennes Central et Châtelineau le 9 mars 1959. Il s’agissait ce jour-là de la dernière circulation en autorail Brossel type 551 de la remise de Florennes Central ; personnel du dépôt de Florennes Central. Le lendemain, les autobus prenaient le relais de l’ensemble du service sur la ligne 138. (Pour info, les bus circulaient déjà en partiel depuis 1954 date à laquelle, la SNCB avait acheté 10 autobus City Liner de la firme van Hool et les avaient affectés à Florennes Central). Pour rappel, de juillet 1956 (dernier train de voyageurs en traction vapeur) jusqu’au 9 mars 1959, tous les trains de voyageurs sur la ligne 138 étaient assurés en autorail AR 551). Ensuite, les autobus ont pris le relais.
  • La fermeture au service « voyageurs » fut le 4 octobre 1960.
  • En mai 1983, un train spécial a conduit les élèves du Collège St-Augustin de Gerpinnes à Walibi. Michel PÂQUES s’y était investi et avait lancé l’idée d’un « Spécial Walibi « .
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L’arrivée du convoi à Acoz-Centre, se dirigeant vers Gerpinnes.
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Frédéric GUILLAUME n’a pas l’air impressionné.
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Le passage à Acoz-Centre.

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  • Sur le tronçon Acoz-Châtelineau, le dernier train de voyageurs a été le « Spécial » mis en ligne pour le transport des Marcheurs ESM vers Ophain en mai 1988.
  • L’autorail AR 554.18 à Bouffioulx et à Acoz. Ces vues ont été faites le même jour. Date : antérieure au 21 mai 1988 mais je n’ai pas plus de souvenir. Il s’agissait d’un dernier voyage organisé par le PFT (Patrimoine Ferroviaire et Tourisme de Saint-Ghislain) avec leur propre matériel (association qui sauvegarde et restaure le matériel déclassé). C’est donc la dernière micheline. Il s’agissait d’un voyage spécial et non commercial (rappel : dernier commercial 9 mars 1959 en AR type 551).
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L’arrivée en gare de Bouffioulx.

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Le passage à niveau au lieu-dit « La Brockmann ».
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Dans les Fonds d’Acoz.
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Le passage à Acoz-Gare.

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  • La fermeture au trafic « marchandises » est intervenue le 1er juin 1991. Il n’y a plus eu de circulation après cette date sauf lors du démontage du tronçon  Acoz- raccordement Disteel en 1996.
  • Pour mémoire, le tronçon Acoz – Gerpinnes  a été démonté en 1986.

(Sources: Paul KEVERS : Belgische spoorlijnen).

Je tiens à remercier Alain POSTIAU, Christian DENEFFE et Anne MONDY pour leur  collaboration et le prêt de documents photographiques

 

© Alain GUILLAUME – Novembre 2018.

D’Acoz à St-Jacques de Compostelle

BORNE ACOZ 350

Quel ne fut pas mon étonnement quand j’ai appris que Philippe FRERES, Acozien pure souche, s’était lancé dans le célèbre pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.

 

 

De retour, en ce début d’octobre, je l’ai rencontré afin de vous faire vivre cette expédition.

 

Alain GUILLAUME : Alors, Philippe, te voyant, tu pètes la forme ! Ma première question est peut-être hasardeuse : « Quand as-tu pensé à ce pèlerinage et pourquoi ? »

Philippe FRERES : J’avais à peine 20 ans et, petit à petit, c’était devenu une obsession. C’était une démarche spirituelle et un défi. Il y a une dizaine d’années, j’étais certain que j’allais m’y lancer un jour. Au mois de janvier de cette année, la cinquantaine approchant, c’était décidé, ce sera cette année.

A.G. : Te sentais-tu capable physiquement ? Et le problème de ton emploi ?

P.F. : Je me suis préparé sérieusement. Tous les mercredis, sac au dos, je quittais mon domicile pour parcourir 25 kilomètres. Je n’en ai parlé à personne mais il y a sûrement des Acoziens qui se sont posé des questions, me voyant traverser notre village. Au sujet de mon emploi, j’ai entamé les démarches d’une pause carrière auprès de la S.P.W.

A.G. : Quand es-tu parti ?

P.F. : J’ai quitté Acoz le 2 mai pour rejoindre Maredsous. C’était le « prologue » car c’est exactement le 7 mai que la première étape allait me conduire à Leffe et ensuite vers  Rocroi. Je comptais marcher 150 kilomètres par semaine avec 1 jour de repos.

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Maredsous 450

 

Adolphe Sax 840.jpg

ANSEREMME 840

Un itinéraire bien défini m’a conduit à Reims – Troyes – Auxerre – Vézelay – le Puy-en-Velay – la Voie du Puy jusqu’à Saint-Jean-Pieds-de-Port  – la Voie Nive-Bidassoa – le Camino del Norte – le Camino Primitivo pour atteindre Santiago de Compostella. J’ai poursuivi ma route en découvrant des paysages typiquement galiciens jusqu’au Cabo Fisterra sur la côte atlantique.

Basilique Sainte-Marie-Madeleine, Le Vézelay 840

Sur la plage de Langosteira à Fisterra, c’est là que les premiers pèlerins venaient cueillir la coquille Saint-Jacques, symbole des pèlerins de Compostelle. Le 5 octobre, j’arrivais à Muxia au Sanctuaire de Notre-Dame-de-la-Barque où, selon la légende, elle serait arrivée sur la Côte de la Mort dans une barque de pierre pour encourager Saint-Jacques dans sa mission d’évangélisation et où de grosses pierres magiques gisent encore face au Sanctuaire ; elles seraient les vestiges de l’embarcation.

 

Sanctuaire de la Vierge de la barque à Muxia 450

J’avais accompli 2.834 kilomètres. C’était le moment du retour, en car pendant 26 heures pour atteindre Charleroi !

A.G. : Nous étions beaucoup à te suivre journellement via le site « Memotrips » où tu y postais ton carnet de route et tes photos… Il suffisait de s’inscrire, taper « Elcoqui » et on était connecté…

P.F. : Oui mais dans un premier temps, le site était destiné à stocker les photos que j’avais prises avec mon smartphone. C’était prévu, j’avais pris un abonnement à un opérateur télécoms français pour la connexion « 4G ». C’est ainsi qu’est né mon carnet de route. Mon compte recevait parfois 200 visites dans la même journée. Les commentaires que je recevais de Belgique m’ont énormément boosté.

A.G. : As-tu connu des défaillances ?

P.F. : Je me suis foulé le pied gauche et cela m’a obligé à prendre 2 jours de repos et la prise d’anti-inflammatoires. Quelques jours plus tard, la douleur est réapparue mais, là, plus de repos et j’avoue que la douleur a disparu après quelques jours.

A.G. : Et le logement, les repas, la lessive… ?

P.F. : Dans le nord de la France, je logeais souvent dans des maisons d’hôtes (accueil pèlerin). Je recevais un dîner complet le soir et le petit déjeuner. Une douche et les commodités étaient les bienvenues. Note que je ne me tracassais pas car je voyageais avec une tente dans mon sac. J’ai logé aussi dans un camping, dans un jardin ; très rarement, j’ai pratiqué le camping sauvage et je devais me préparer un repas chaud : mon petit réchaud était le bienvenu, j’utilisais du bois sec et parfois des pommes de pin, je n’avais pas difficile de trouver une épicerie.

TENTE 840

Tente Philippe 840

Plus j’avançais, plus je rencontrais des gîtes d’étape gérés par les mairies avec cuisine, douche, commodités…

A.G. : Où as-tu acquis ton bâton de pèlerin ?

P.F. : Je suis parti d’Acoz sans bâton mais cela n’a pas duré longtemps. Lors de la 3e étape, du côté d’Anseremme, un sanglier m’a chargé mais heureusement, il s’est arrêté à quelques mètres. A mon avis, il défendait les marcassins qui devaient se trouver non loin. Deux jours plus tard, j’ai découvert une vingtaine de bâtons qui gisaient au milieu du chemin. Mon choix fut vite fait… un bâton de 2 mètres qui allait m’aider lors de l’ascension de côtes. Figure-toi qu’il a perdu 40 centimètres en 5 mois de route. Pourtant, un aubergiste attentionné lui avait planté une pointe de Paris à sa base !

A.G. : As-tu des anecdotes ?

P.F. : Oh oui !

  • Lors d’une étape en Champagne, je n’ai pas trouvé de refuge et j’ai frappé à la porte d’un carmel. Les religieuses m’ont accueilli et j’ai eu droit à une belle surprise : j’ai assisté au concert offert aux Carmélites par la virtuose violoniste Natacha Triadou, en remerciement pour un hébergement.
  • Au Lac des Settons, un hélicoptère militaire français, une « Gazelle des Airs » a atterri à quelques mètres de moi. Le pilote venait régulièrement rendre visite à son père, propriétaire des lieux. La zone d’atterrissage avait été enregistrée comme zone militaire ce qui permettait de se poser sans problème.
  • Avant d’atteindre Espelette, j’ai été attentionné par une multitude d’ombres juste devant moi. En relevant la tête, j’ai pu admirer le vol d’une centaine de vautours qui virevoltaient dans un ciel azur. Impressionnant !
  • En Champagne, le 17 mai, je m’aperçois d’avoir perdu tous mes papiers : carte d’identité, carte bancaire, argent… Heureusement, j’enregistrais mon passage dans les vignes sur mon smartphone. Demi-tour, et, aidé par celui-ci, j’ai retrouvé ma route exacte et… tous mes papiers.

Vignobles Champenois près d'Hautvillers 840

  • Parlons un peu football ! c’était le 2 juillet, coupe du Monde : match Japon-Belgique, je logeais dans ma tente et suivais à la radio l’évolution du score, à la mi-temps 2-0 ! Les carottes sont cuites. Un orage de grêle s’abat sur la région, « j’encaisse » le bruit assourdissant des grêlons qui attaquent ma toile de tente, c’est seulement bien plus tard que je prends connaissance de la victoire des nôtres.
  • Sur le plateau de L’Aubrac, j’ai rencontré un pèlerin qui venait de la région parisienne : 86 ans ! … et le même jour, au même endroit, un couple accompagné d’un enfant de 2 ans !

Chemin pastoral, Aubrac Lozérien 840

  • Dans le Morvan, j’ai été impressionné par la foudre et les orages. Ces derniers ont abimé les arceaux de ma tente, j’ai réparé mais la troisième fois fut la dernière car ma tente devait rendre l’âme.

Déluge sur les hauteurs de Markina-Xemein, Pays Basque 450.jpg

A.G. : Et ton arrivée à Acoz ?

P.F. : Ma compagne Karine m’attendait à Charleroi. Arrivés à Acoz, la belle surprise ! La famille, les musiciens, les amis proches et ceux qui m’avaient suivi sur « Memotrips » m’attendaient sur la place de l’église et « Les Coquis d’Aucot » ont été interprétés en mon honneur. Le verre de l’amitié et les amuse-gueules ont suivi sans oublier les incontournables bières belges qui m’ont manqué !

Arrivée Acoz 840

Arrivée 2 450

Nous les Coquis 840

Accueil 2 840

Robert Gérald 840

Anne-Marie 450

Que la fête 840

A.G. : tu reprends bientôt le boulot ?

P.F. : C’est pour lundi prochain ! S’il la météo le permet, je pourrai m’y rendre à pied…. Ben quoi, Charleroi, ce n’est qu’à 10 kilomètres !

 

Extraits du carnet de voyage

Le Puy en Velay, Saint-Privat d’Allier

Jour 65 : 10 juillet 2018

05h15, les impatients commencent à se préparer. Progressivement les rideaux de cellule s’ouvrent, les portes d’armoire claquent.
05h45, je me lève – 06h30, déjeuner, l’occasion de faire connaissance. Curieusement, tout le monde se tutoie mais personne ne demande quel est ton prénom mais d’où viens-tu, où vas-tu ?   
07h00, messe à la cathédrale suivie de la bénédiction des pèlerins.

Je respecte la tradition et prends une prière, à lire chaque jour du pèlerinage, laissée la veille par un pèlerin. Je laisse moi-même une prière pour un futur participant. Nous sortons par le ventre de la cathédrale pour recevoir la protection de Notre-Dame de l’Annonciation. Je descends les 134 marches de l’édifice, pas trop vite, pour profiter du moment, un peu comme au “pas ordinaire”. L’émotion est intense pour le pèlerin quelles que soient ses motivations.
Nous sommes une soixantaine à partir aujourd’hui. Je partage un bout de chemin avec Guillaume qui parcourt l’itinéraire pédestre à vélo à raison de 2 étapes par jour. L’ambiance est vraiment différente ; de Vézelay au Puy je n’avais vu qu’une dizaine de pèlerins ;  là c’est jour de marché. Je m’arrête pour une petite pause à la Chapelle Saint-Roch de Montbonnet…

Chapelle de Saint-Roch à Corcubión, Galice

Rocamadour, Lavastide-Murat

Jour 82 : 27 juillet 2018

07h20 : Marie, l’hôtelière lilloise, me lance du pas de la porte du gîte un Ultreïa. Sur le grand escalier, dernière porte vers le sanctuaire, quelques jeunes accompagnés d’un prêtre gravissent les 216 marches à genoux, Un “Je vous salue Marie” à chaque marche.
Dans la vallée de l’Alzou quelques paramoteurs virevoltent. Je m’éloigne du Roc par le versant opposé, sur le GR46. Un peu plus loin je suis dépassé par Bipbip Aymeric « le Bruxeler » et Annick la Québécoise.
Le GR se poursuit par de petites routes et chemins bordés de chênes. Petite pause avec des Marseillais avant de traverser l’autoroute A20. Bipbip « le Bruxeler » me dépasse à nouveau, il était pourtant normalement devant moi, et il cherche Annick la Québécoise que je n’ai plus vue. Il s’en passe des choses dans le peloton. Je franchis de nouveau l’autoroute A20. Je monte vers Labastide-Murat, étape de transition vers Cahors.

Basilique Saint-Sauveur, Rocamadour 450

Abri de berger en pierre sèche, Issendolus près de Rocamadour 840

Corcubión, Cabo Fisterra

Jour 151 : 4 octobre 2018

Courte étape entre Corcubión et le bout du monde, là où le soleil se couche. La légende veut que « Tout meurt à Finisterre, tout renaît à Muxía ». Se termine ici le chemin mythique Santiago – Fisterra. Certains brûlent un vêtement ou une chaussure, signe du changement de peau, du renouveau intérieur.

Je rencontre Johann le Nantais, parti en avril pour rallier la voie du Puy.  Nous totalisons le même nombre de kilomètres. Ce soir les pèlerins se donnent rendez-vous au phare, confin de l’Europe occidentale, pour assister au coucher du soleil … la météo est idéale.

Couché de soleil à Cabo Fisterra, la fin du monde 840

La nuit tombe et des odeurs de textile en feu se répandent. Il est temps de redescendre à Fisterra, 3,5 km plus bas. Dernier verre avec Johann qui est déjà passé à Muxia, il reprend le bus demain pour Compostelle. Demain, dernière étape…

2804,92 km. 27°.

Kilomètre zéro à Fisterra avec Yohann le Nantais 450

L’album photos

Beaumont dans le Gers, Armagnac 840

 

Condom-en-Armagnac dans le Gers, Gascogne 840

Entrée en Navarre, Saint-Palais 840

FORET 840

4 FRERES 840

Grenier à céréales galicien (Hórreo), Montecelo 840

OMBRE 450

Sous-bois 840

Hauteur d'Unquera, Asturies 840

La mer Cantabrique près de Saint-Sébastien (Donostia) 840

Mer de nuages à Piedratecha, Asturies 840

Potale de Saint-Roch, Deba au Pays Basque 450

Potale Saint-Roch à Deba, Pays Basque 2 450

Grandas de Salime, Asturies 840

RUELLE FERES 840

Près d'Ostabat, Pays Basque 840

Traversée de la baie de Santoña 840

Cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle 840

Cathédrale, Saint-Jacques-de-Compostelle 2 840

Eglise San Fructuoso, Compostelle 450

Monument Monte De Gozo, Compostelle 840

Bière pèlerin cathédrale Santiago 450

© Alain GUILLAUME – Novembre 2018.

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Les décorations de Gaston BOUSETTE

Par Etienne et Luc ELOY

Toujours dans le cadre de la commémoration de 14-18, nous disposons d’un cadre affichant les médailles de feu notre grand-père maternel Gaston BOUSETTE (voir le livre « ACOZ ET LA GUERRE 14-18 » – Geneviève LUSIAUX – pages 105-106).

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Au-dessus à gauche : MEDAILLE DE LA VICTOIRE 14-18

Au-dessus au milieu : MEDAILLE DE LA BATAILLE DE L’YSER

Au-dessus à droite : MEDAILLE COMMEMORATIVE 14-18 AVEC 4 BARRETTES DE FRONT

Au milieu à gauche : CROIX DE GUERRE AVEC PALME D’OR

Au milieu à droite : CROIX DE FEU (décernée aux soldats ayant passé toute la guerre au front)

En -dessous à gauche: MEDAILLE MILITAIRE DE 2ème CLASSE

En-dessous au milieu: MEDAILLE DE TABLE DE L’YSER (titulaire de la Carte du Feu gravée à son nom)

En-dessous à droite : PALME D’OR DE LA COURONNE

 

L’uniforme de notre grand-père a été précieusement conservé par notre famille avant d’être offert au Musée de la Tour d’Air à Liège où il est exposé.

 

© Etienne et Luc ELOY

 

 

 

 

Le comité des jeunes d’Acoz – 1970

Si vous avez participé à la vie de ce comité ou si, tout simplement, quelques souvenirs de ses activités vous sont restés en mémoire, alors n’hésitez pas.
Nous vous proposons de nous rejoindre le dimanche 16 décembre 2018.
Venez avec vos souvenirs, photos et autres afin de rassembler un maximum d’informations que nous remettrons à Alain Guillaume, responsable du blog d’Acoz pour une éventuelle publication sur celui-ci.
Nous vous attendons au Centre Culturel de Gerpinnes – rue de Villers  61, à partir de 14 heures.
Nous pouvez nous informer de votre participation par sms ou mail.
Contact :
Alain POSTIAU –  0479 861 304 –   alainpostiau@hotmail.com

Le 11 novembre 2018

En ce jour du centenaire de l’armistice de la guerre 14-18, des cérémonies d’hommages étaient organisées dans toute l’entité de Gerpinnes.

A Acoz, le rendez-vous était fixé à 9 heures 50 pour fleurir le monument dédié aux victimes des deux guerres mondiales.

Les autorités communales, des musiciens des fanfare d’Acoz et harmonie de Gerpinnes, les drapeaux des anciens combattants et prisonniers de guerre, le vice-doyen Claude Lallemand, les paroissiens du clocher Saint-Martin ainsi que de nombreux Acoziens se sont donc inclinés devant le monument. La sonnerie « Aux Champs » fut interprétée à Olivier Delbart, suivie de l’hymne national.

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Bel hommage rendu à nos héros.

Les élèves de l’Ecole Libre d’Acoz, eux non plus n’avaient pas oublié. Le jeudi 8 novembre, ils sont venus déposer une gerbe aux deux monuments sis au mur de l’église et à la rue de Moncheret.

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© Alain GUILLAUME – Novembre 2018.

 

L’hommage au cimetière d’Acoz

C’est ce jeudi 8 novembre 2018 que les élèves de l’Ecole Libre d’Acoz avaient un rendez-vous important avec l’histoire. Pour commémorer le centième anniversaire de l’armistice, l’Echevinat des Associations Patriotiques avait invité la population à rendre hommage à nos héros de la Grande Guerre, inhumés dans les différents cimetières de l’entité.

A 11 heures précises, tout le monde intéressé était rassemblé dans l’allée principale du cimetière d’Acoz pour écouter le discours d’accueil, lu par l’échevin.

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Guy Wautelet a relaté l’histoire de la guerre 14-18 : l’attentat de Sarajevo au cours duquel l’Archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire d’Autriche-Hongrie, est assassiné avec son épouse Sophie en juin 1914. C’est un extrémiste serbe qui le tue. L’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet ; et c’est le jeu des alliances : la Russie déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie et à la France… Notre pays est neutre, et sa neutralité est reconnue par toutes les puissances voisines. Mais les Allemands, pour défaire rapidement la France, ont un plan qui nécessite de passer par chez nous, le plan Schlieffen. Alors, le 2 août, ils lancent un ultimatum à la Belgique prétextant qu’ils ont appris de source sûre que les Français massent des armées sur la ligne Givet-Namur, et ils demandent à passer par notre territoire. La nuit du 2 au 3 août, le Roi Albert 1er et ses ministres discutent de l’attitude à adopter, et le matin le Roi fait un discours annonçant le refus d’autoriser toute puissance de violer le sol belge. Le 4 août, l’armée allemande entre en Belgique.

Les Allemands pensaient pouvoir passer rapidement chez nous en écrasant notre petite armée de 200.000 hommes, alors qu’eux possèdent un million d’hommes. Mais il y a les forts, il y a le courage des soldats belges qui résistent et retardent l’avancée allemande : l’effet de vitesse est raté. De plus, la violation du sol belge entraîne l’entrée en guerre de l’Angleterre. Les Allemands sont rendus furieux par ce retard apporté à leur projet, et ils se retournent vers la population civile : des hommes d’abord, puis des femmes, des enfants, des vieillards, des bébés sont assassinés. On estime à 5.000 le nombre de civils victimes des représailles allemandes.

Notre armée est cependant peu à peu refoulée vers Anvers, puis vers Ypres et l’Yser. Et là c’est le coup de génie : on ouvre les écluses qui permettent à l’eau de mer à marée haute de pénétrer à l’intérieur des terres, et l’avancée allemande est stoppée. Pour des années puisque la guerre des tranchées va débuter ; les tranchées avec les odeurs de pourriture, de morts, de déjections, les poux, les rats, le vacarme infernal des explosions, des tirs, les nuages de gaz…

Le 11 novembre 1918, l’Armistice est enfin signé.

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Bernard Alexandre allait prendre la parole :

 » Monsieur Wautelet vous a parlé de la Belgique dans la guerre 1914-1918 ;  je voudrais, pour ma part, vous parler de l’histoire de notre village d’Acoz, de ces hommes et ces femmes qui y vivaient en 1914. La plupart des tombes que vous allez fleurir tout à l’heure sont celles d’anciens combattants, mais pas uniquement : il y a aussi des tombes de résistantes et de soldats italiens. Je veux rapidement évoquer toutes ces personnes, en commençant par les anciens combattants.

Lorsqu’ils quittent notre village à la fin de juillet 1914, ceux qu’on appelle aujourd’hui « les anciens combattants» sont des hommes jeunes, ils ont entre 20 et 30 ans. Ils ne reviendront au village que 4 ans ½ plus tard, fin 1918 ou début 1919. Mais quand ils partent en juillet 1914, ils ne savent pas que cela va durer si longtemps, et ne s’en doutent même pas. Ils ne savent pas toutes les souffrances qu’ils vont endurer, ni les millions de morts que la guerre causera. Je ne vais pas vous parler de tous les anciens combattants,  ce serait bien trop long, je ne vous parlerai que d’un seul d’entre eux, Jean BOLLE.
Jean BOLLE est né en 1891 ; il a donc 23 ans au début du conflit. Il est le fils de Léon BOLLE et de Marie BESOMBE. Il est leur seul enfant. Il habite avec ses parents sur la route qui monte vers Lausprelle, la rue de Villers, maintenant.  Son père est cultivateur, mais aussi premier échevin de la commune d’Acoz. Jean a fait son service militaire en 1911, et il est mobilisé déjà le 23 juillet car on craint le début d’une guerre.
Le 4 août, les Allemands entrent en Belgique : la guerre est déclarée. Et Jean BOLLE va suivre tout le parcours de l’Armée Belge. Liège d’abord, puis le Brabant Flamand, puis Anvers, et enfin la retraite vers L’Yser et Ypres, le seul coin de Belgique encore libre. L’inondation des Polders va permettre d’arrêter enfin l’avancée allemande en octobre 1914. Le 24 octobre, le régiment de Jean BOLLE se lance dans une attaque afin de reconquérir une partie de terrain. Mais l’attaque échoue ; Jean BOLLE est tué à quelques mètres des lignes allemandes, dans une portion de terrain inondé, et son corps ne peut être récupéré. Le certificat de décès ne sera délivré qu’en avril 1917.
Pour ses parents, sa disparition est une terrible nouvelle : Jean était leur seul enfant, il avait déjà commencé à travailler avec son père, il était cultivateur comme lui, il allait reprendre l’exploitation familiale… Tous les projets s’écroulent, leur fils est mort avant eux. Ils vont alors lui élever une sépulture plus importante. Et quand ils mourront à leur tour, ils se feront enterrer auprès de leur fils. La mort ainsi réunira ceux que la guerre avait séparés.

Les secondes personnes dont je voudrais vous parler, ce sont deux femmes : Sœur Irma et Flora Thiriaux.
Sœur Irma était directrice de votre école car, à l’époque, votre école était tenue par des religieuses, les Sœurs de la Providence. Au moment où l’Armée Française arrive à Acoz le 20 juillet 1914 pour tenter d’arrêter les Allemands sur la Sambre, un poste de Secours est créé à la Brasserie d’Acoz. Sœur Irma y soigne les blessés français le 21 août. Le 22, les Allemands se rapprochant, le Poste de Secours est déplacé à Gerpinnes, au Château de Mr de Bruges, devenu le Collège St-Augustin aujourd’hui. Le 23, l’armée allemande continue d’avancer, les Français font retraite vers Philippeville et Beaumont. Les blessés les moins atteints sont pris en charge par le corps médical français, les autres restent sur place et continueront d’être soignés. Par Sœur Irma notamment qui cache et soigne des soldats français. Elle fait bientôt partie d’un réseau de résistance qui informe les Alliés et aide les soldats Français ou Belges à rejoindre la France ou l’Angleterre. Flora Thiriaux, de Lausprelle, fait partie du même réseau. En octobre 1915, Sœur Irma est dénoncée, arrêtée et enfermée à Charleroi ; en novembre, Flora Thiriaux subit le même sort. Les deux femmes seront jugées par le Tribunal de Guerre de Charleroi  le 4 janvier 1916 et condamnées à la prison et aux travaux forcés, Sœur Irma pour deux ans et Flora Thiriaux, pour trois ans. Elles sont toutes deux déportées en Allemagne. Sœur Irma est libérée en janvier 1918, et Flora Thiriaux, le 10 novembre 1918.

Enfin, je voudrais vous parler de la tombe des Italiens.
Car il y a aussi une tombe qui abrite 6 soldats italiens. Il faut savoir qu’au début de la guerre, l’Italie s’était rangée aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche. En 1915, l’Italie change de camp et se fait alors attaquer par les Allemands. Les combats se déroulent au nord du pays, dans les montagnes. Les Italiens perdent une bataille et des soldats sont faits prisonniers. 40 d’entre eux arrivent chez nous ; ils sont logés dans une dépendance de l’usine de Moncheret, là où se trouve maintenant le hangar des Aciers Grosjean. De la fin février 1918 à la fin avril, six d’entre eux vont mourir de malnutrition, d’épuisement et de maladie dans ce camp de prisonniers.

Ainsi que je le disais en commençant, la plupart des tombes que vous allez fleurir abritent les restes d’hommes qui sont revenus à Acoz à la fin de la guerre. Ils n’étaient plus les mêmes à leur retour ; ils avaient connu le froid, la faim, l’eau des tranchées, le bruit assourdissant de la bataille, la peur d’être tué ; ils avaient vu leurs compagnons blessés, tués, parfois déchiquetés  à côté d’eux; ils étaient à tout jamais marqués dans leur esprit et aussi parfois dans leur corps par ces quatre années d’épreuve. Et si nous avons le bonheur de vivre libres aujourd’hui, c’est aussi à eux que nous le devons. Aussi, votre démarche aujourd’hui d’honorer leur mémoire est importante car elle exprime à la fois votre reconnaissance et la conscience que vous avez de leur sacrifice. « 

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Les élèves ont suivi avec application ces minutes d’histoire.

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Quelle surprise lorsque Christiane Ernould allait à son tour prendre la parole pour nous parler de son oncle Alexis Debergh. Ce dernier avait subi une grave blessure lors d’un affrontement avec l’ennemi. Sa nièce allait nous faire découvrir sa plaque d’immatriculation militaire, les balles qui avaient été extraites de son épaule, un papier décoré par Alexis et envoyé à sa dulcinée Firmine Lien. Là, l’émotion était à l’extrême et les applaudissements traduisaient une grande marque de respect.

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Les élèves allaient déposer une fleur et une plaquette-souvenir sur les tombes de nos héros.

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Des familles impliquées avaient répondu à l’invitation.

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André et Monique Sainthuile devant la tombe d’Archange Borbouse-Collart.

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La famille Eloy, petits-enfants maternels de Gaston Bousette.  

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La tombe de Soeur Irma.

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La tombe des Italiens.

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© Alain GUILLAUME – Novembre 2018.