Acoz dans la presse régionale en 1940

Il m’a semblé intéressant d’aller fouiller dans les archives des journaux régionaux, plus précisément dans la période où notre pays était sous domination de l’envahisseur. Le contenu des articles était sûrement filtré et les correspondants locaux devaient user de toute prudence pour relater les nouvelles et les faits divers.

« GAZETTE DE CHARLEROI » 17 janvier 1940

POUR LES MOBILISÉS

Les demoiselles du centre du village préparent actuellement une grande soirée dramatique et musicale au profit des soldats mobilisés du Centre.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 18 janvier 1940

DISTRIBUTION D’EAU

Le village est donc doté d’une distribution d’eau potable. Ceux qui ont fait raccorder leur maison l’apprécient. Si beaucoup s’abstinrent de le faire, la cause réside dans le fait que bien des maisons sont éloignées de la canalisation principale et que de ce fait les frais d’installation auraient été trop élevés pour leur bourse. Néanmoins, la judicieuse disposition des bornes permet à chacun de se procurer de l’eau potable sans difficultés, alors qu’autrefois il fallait aller la quérir loin : soit la tirer au puits ou la pomper là où l’on pouvait s’en procurer. Fini tout cela, l’eau est à portée de chaque habitation. Les fermiers, grands et petits, voient leur tâche allégée. Et puis, pour hommes et bestiaux, une eau potable est une garantie de bonne santé. Les réservoirs mis en service fonctionnement régulièrement et partout l’eau arrive avec une bonne pression.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 27 janvier 1940

AUX CHEMINS DE FER

Les voyageurs qui doivent utiliser le point d’arrêt du Centre se voient forcés d’attendre l’arrivée des trains en plein air car aucun abri n’est mis à leur disposition. S’il gèle, comme c’est le cas actuellement, il faut battre la semelle et se frotter les mains en se plaçant contre le mur de l’habitation du garde barrière. Il y a cependant assez de voyageurs utilisant ce point d’arrêt qui se trouve au centre du village pour justifier l’abri sollicité. N’y aurait-il pas à la S.N.C.B. un vieux wagon ou quelques vieilles planches pour mettre les voyageurs à l’abri ? Ils ne demandent pas du luxe.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 11 mars 1940

UN MAROCAIN EST ASSAILLI PAR DEUX MALFAITEURS

Dans la soirée de samedi, un marocain, Amar BOUMEKLA, colporteur, âgé de 61 ans, domicilié à Charleroi, 36, rue du Beffroi, a été assailli en face de l’église de Lausprelle, hameau de Acoz, par deux individus. Ceux-ci ont malmené brutalement le colporteur et sont parvenus à le dévaliser ; ainsi, ils ont réussi à voler à leur victime de somme de 7.000 francs en argent français et une somme de 1.000 francs en argent belge. BOUMEKLA, fort mal en point, a déposé plainte à la gendarmerie de Gerpinnes qui recherche activement les auteurs de cet attentat.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 18 AVRIL1940

DES RÉFUGIÉS

Les communes d’Acoz et de Joncret sont désignées pour recevoir éventuellement des évacués originaires du Grand-Duché de Luxembourg. Il faut espérer qu’on n’en arrivera pas à une telle éventualité.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 26 AVRIL1940

A LA FANFARE

Nous apprenons que la Fanfare Royale d’Acoz a décidé de reprendre son activité qui avait cessé fin août 1939 lors de l’ouverture des hostilités à nos frontières. Elle accomplira comme par le passé la mission qu’elle s’est assignée depuis sa fondation, avec les membres encore disponibles. Elle vient de tenir une réunion préliminaire.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 8 JUIN 1940

MORT EN EXIL

Nous apprenons que Monsieur Henri DECHAMPS, né à Gerpinnes le 2 septembre 1902 et demeurant route de Joncret à Acoz, est mort des suites de blessures contractées le 17 mai dernier, à Gisors (France), lors de son exode. Nous présentons à son épouse, à son enfant et à sa famille éplorés nos condoléances sincères et émues.

(Voir la liste gravée au monument aux morts des deux guerres mondiales, adossé à la façade de l’église Saint-Martin).

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 25 JUIN 1940

Monsieur Maurice VANDEVOORDE, vendeur de la « Gazette de Charleroi », passe tous les jours, dans la matinée, dans le village. Réservez-lui bon accueil.

Dans les années 50-60, je me souviens de son passage journalier, avec son vélo doté d’une grande sacoche au-devant du guidon.  Il habitait Gerpinnes-Centre et on l’avait surnommé « Maurice El Gaz’tier ».

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 14 JUILLET 1940

INITIATIVE LOUABLE

Depuis quelques semaines, les rues de la localité font l’objet de travaux sérieux de sarclage et de curage des fossés, ce qui donnera bientôt au village un aspect riant. Pour effectuer ces travaux, des équipes de chômeurs sont employées. Les chômeurs sont occupés un nombre de jours correspondant au montant des secours reçus. C’est une heureuse initiative du présent conseil communal et une garantie que les secourus ne se sentiront pas amoindris puisqu’ils fournissent un travail équivalent  à l’allocation qui leur est octroyée. Cette initiative a aussi pour but de remettre tout le monde au travail et de donner en même temps aux familles ouvrières un peu de confort en attendant que les industries rouvrent leurs portes. Ne serait-ce pas aussi le moment de défricher quelques terrains qui seraient ensuite livrés à la culture ? On pourrait peut-être aussi procéder au reboisement de certaines sablières abandonnées. On en récolterait le bénéfice plus tard.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 19 JUILLET 1940

EXODE TRAGIQUE

Est décédé lors de son exode vers la France notre sympathique concitoyen Monsieur Emile LECLERCQ, touché par un éclat de bombe, sous les yeux de sa mère affolée. Le défunt était bien connu dans la région car il avait beaucoup de fois occupé le poste de major de la Compagnie de « Marcheurs » d’Acoz lors de la Sainte-Rolende à Gerpinnes et de la Saint-Roch à Acoz. C’était un excellent cavalier qui suscitait l’admiration générale. Il fut enterré à Thirimont et ramené dernièrement dans notre nécropole. Nous présentons à sa mère nos condoléances émues.

Emile LECLERCQ 650

LES RÉFUGIÉS

Sur une population de 1.400 habitants, il reste une quarantaine de ménages au Centre et environ 35 ménages à Lausprelle qui ne sont pas rentrés de leur fuite vers la France. On espère que bientôt ils seront tous rentrés.

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« GAZETTE DE CHARLEROI »  7 ET 17 JUILLET 1940

QUI A VU ?

Soldat VERRECHT Joseph, 63e de Ligne, 1ère Cie, Acoz.

Soldat CHAPEAUX Emile,  41e de Ligne, 6e Cie, A^476-2-A. B, Acoz.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 19 JUILLET 1940

LE SABLE

Déjà une sablière a repris son activité. Une activité assez réduite il est vrai mais qui constitue un indice de reprise. Naturellement le transport de sable s’effectue par la route au moyen de chariots tirés par de solides chevaux. Avec ce matériel roulant abandonné depuis belle lurette renaît un peu de poésie. Il est à souhaiter que d’ici peu de temps d’autres lieux d’extraction de sable se remettent au travail. Pour que la reprise soit complète, il est nécessaire que le pont de chemin de fer situé entre Châtelet-Ville et Châtelineau soit réfectionné.

CHOSES COMMUNALES

Ainsi notre nouveau bourgmestre est Monsieur Eugène MEUNIER. Il est admirablement secondé dans ses fonctions par Monsieur Hector POULEUR qui se dépense sans compter  pour assurer le meilleur bien-être à notre population. En ce qui concerne le ravitaillement et l’approvisionnement des épiceries les démarches qu’il fit au début de juin doivent être appréciées à leur juste valeur. Sa diplomatie aidant, il mène à bien la tâche qu’il s’était assignée. Rien ne lui échappe, il organise tout. Au hameau de Lausprelle, signalons la débordante activité de Monsieur Paulin DELPIRE. Le dévouement du garde-champêtre Monsieur Marcel BERNY doit être mentionné ainsi que celui des membres du ravitaillement et du comité de secours. Le brigadier-cantonnier Monsieur Emile POULEUR veille attentivement à l’exécution parfaite des travaux de voirie communale. Un second garde-champêtre a été nommé, Monsieur Georges HUBAUX, pour le hameau de Lausprelle ainsi qu’un garde-champêtre de nuit. Cette semaine, il a été procédé à la nomination  d’un garde de nuit chargé de veiller aux récoltes et à la propriété privée. L’élu est Monsieur Fernand SCIEUR. Enfin, le nouveau secrétaire est Monsieur Fernand POULEUR.

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« GAZETTE DE CHARLEROI »  28 JUILLET 1940

DES CONVOIS DE CHARBON

Quel ne fût pas l’étonnement des Acoziens de voir passer en gare d’Acoz un petit convoi se dirigeant vers Florennes. C’était une locomotive des Charbonnages de Boubier tirant quelques wagons de charbon. Depuis lors, le trafic n’a cessé de s’intensifier et il ne se passe pas un jour sans que l’on puisse constater combien de demandes en charbon sont nombreuses. Beaucoup de convois venant du charbonnage s’acheminent ainsi vers le lieu de destination. Notons également que le charbon est transporté par ce même procédé vers Mettet. Bien plus, les poseurs de voies de ces charbonnages ont effectué les réparations qui s’imposaient par suite de la guerre. Quel est celui qui se refuserait d’être optimiste en présence de telles constatations ?

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« GAZETTE DE CHARLEROI »  5 AOUT 1940

MORT DU DERNIER BUCHERON

Lundi ont été célébrées les funérailles de notre dernier bûcheron, Monsieur Jules VANDERESSE, qui est mort comme il avait vécu, simplement. Notre vieux bûcheron était en effet un philosophe, sachant se contenter de peu. Il aimait la forêt au sein de laquelle il a passé sa vie à abattre des arbres séculaires sous les rudes coups de sa cognée. Il était aussi notre dernier faucheur public. Avec lui, un peu de poésie s’est donc éteinte. Signalons aussi que notre vieux bûcheron avait élevé une très nombreuse famille à laquelle nous présentons nos condoléances.

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« GAZETTE DE CHARLEROI »  10 SEPTEMBRE 1940

LE TRAFIC FERROVIAIRE

On nous informe que, très prochainement, le trafic ferroviaire sera intensifié sur les lignes « Acoz-Mettet », « Acoz-Florennes » et « Acoz-Châtelineau », pour les trains de voyageurs. Il y aurait deux trains « descendants » et deux trains « montants » en plus par jour. Les riverains de ces deux voies ferrées s’en réjouiront certainement. Le rétablissement du trafic jusque châtelineau leur a déjà fait grand plaisir. Ainsi, lentement mais sûrement, la vie normale reprend.

LES POTEAUX ELECTRIQUES

On procède actuellement à la pose de lignes aériennes conductrices de courant sur les nouveaux poteaux en acier qui remplaceront ceux en bois vraiment trop vétustes. Voilà une bonne mesure car cette substitution de l’acier au bois évitera bien des inconvénients en périodes de grand vent et de la chute des neiges.

UNE COLLISION

La courtoisie n’est pas morte. Hier, une rencontre s’effectua entre deux cyclistes qui pourtant roulaient assez modérément. Le choc fut assez fort mais il n’y a eu heureusement que des dégâts matériels. Nous avons enregistré avec plaisir la parfaite courtoisie de ces deux ouvriers qui ne se prodiguèrent pas de gros mots bien qu’ils fussent visiblement contrariés de devoir poursuivre leur route à pied, la roue avant de chaque vélo étant endommagée. Les témoins n’en revenaient pas. Un tel fait est tellement rare qu’il méritait d’être signalé.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 11 SEPTEMBRE 1940

LE TÉLÉGRAPHE

Les relations téléphoniques sont reprises avec le village, comme avant les événements. Ainsi, petit à petit, tout redevient normal, à la satisfaction unanime.

DES ABRIS

La D.A.P. locale a pris ses dispositions en vue d’assurer, dans l’éventualité d’un bombardement aérien, des abris convenables. En divers points du village, les plaques jaunes réglementaires sont placées, mentionnant : « Abri – Luftschuizraum ». Un bon point.

DES VOLS

Des nettoyeurs de clapiers et de poulaillers sont venus faire preuve de leurs tristes talents dans le hameau de Lausprelle, durant la nuit. De plus, un mouton qui paissait non loin de l’église du hameau a été volé. On espère fermement que les voleurs seront bientôt connus.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 17 SEPTEMBRE 1940

A LA MAISON COMMUNALE

Sauf à de rares occasions, notre place communale n’a connu une animation comparable à celle qui y règne aujourd’hui. Il en est de même pour notre maison communale. C’est que notre modeste palladium reçoit de nombreuses visites : ouvriers venant faire viser leur carte de secours ou toucher leurs locations, possesseurs d’autos et de motos venant s’enquérir du jour de distribution de l’essence, commerçants ayant besoin d’un « papier », gens en quête d’un renseignement, femmes jaseuses, c’est leur mignon péché, venant mensuellement s’approvisionner en timbres. Et parmi tous ces visiteurs, on voit s’affairer conseillers et employés communaux dont le constant souci est de donner satisfaction à tout le monde selon les lois en cours. Et forcément notre place s’est muée en forum où se tiennent parfois de paisibles conciliabules qui se terminent souvent par de bons mots. Indifférente à ce va-et-vient, notre église est là grave et figée comme un sarcophage mérovingien. Et sur son socle de pierre, le buste du célèbre maître des Forges et de Verreries de DORLODOT, premier bourgmestre de la Belgique de 1830, regarde impassible cette animation à laquelle il s’habitue déjà. C’est que maintenant les services administratifs communaux constituent plus que jamais le centre de gravité de notre vie, résultat de la révolution opérée par l’instauration de l’ordre nouveau.

A LA GARE

Peu à peu notre station de chemin de fer reprend sa physionomie d’avant les évènements de mai dernier. Le personnel est rentré et, sous les ordres du chef de station, a remis tout en ordre. Actuellement des ouvriers procèdent au désherbage des voies. Si les convois de voyageurs ne sont pas nombreux, il n’en est pas de même des trains de marchandises dont les rames sont souvent interminables. Il est vrai que maintenant le trafic s’effectue vers Florennes et Walcourt en attendant la reconstruction des ponts sur la Sambre. Au qui, de temps en temps, s’effectuent des chargements de sable et de terre glaise. Et quel plaisir d’entendre le souffle puissant des locomotives, les coups de sifflets stridents, la chanson des bielles célébrant le progrès et le roulement des trains. Quel plaisir aussi de voir flotter au-dessus des trains ces nuages de fumée, tels une chevelure dont les boucles imprécises à l’extrémité, se relevant en volutes légères, s’amincissant à l’infini pour se résorber peu à peu dans les vapeurs du ciel. Chacun retrouve ainsi sa vie d’il y a quelques mois.

TRAVAUX

Il y a quelques semaines, nous nous souhaitions que les travaux de réfection de la grand’route soient repris à bref délai. Actuellement, c’est chose faite, les travaux ont repris le mardi 10 courant. La dure musique a repris, la musique des paveurs dont les instruments sont le marteau et la pesante « demoiselle ». On espère que ces travaux seront menés rondement afin qu’ils soient terminés dans le plus bref délai.

CONSIDERATIONS

Sans le boulanger aurions-nous du pain ? Chez nous, nous n’avons jamais manqué de boulanger, sauf à l’époque où nos ménagères cuisaient leur pain au four banal. En ce temps-là, toutes les femmes étaient boulangères. Nous avons eu trois boulangeries ? Il nous en reste deux aujourd’hui ; une au Centre, l’autre au hameau de Lausprelle. Mais le travail n’est plus le même en raison de l’emploi du pétrin mécanique et des fours électriques. Aussi évoquons-nous le fournil tout blanc avec ses murs chaulés, la grande table enfarinée, les sacs rebondis appuyés contre le mur, la maie où gonflait la pâte, et le boulanger lui-même avec sa vareuse sans manches, son pantalon et son tablier de toile. La besogne du boulanger était rude. Il fallait des poings solides pour remuer, presser, retourner, déchiqueter, déchirer la pâte. Et puis, quand le four ouvrait sa grande gueule et vomissait son haleine brûlante, que les flammes léchaient  la voûte du four, il fallait attiser le feu, racler le pavé, enfourner le pain. Est-ce à dire que la sueur ne perle plus sur le front des braves boulangers et ne ruisselle plus sur ses joues luisantes ? Quel non ! Au contraire, ils travaillaient encore ferme et dur, car leur passage de maison en maison est toujours impatiemment attendu. Le pain, s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Quant au boulanger il faudrait le créer bien vite.

AUX ECOLES

Durant quelques semaines les cours des écoles communales des garçons furent centralisés à l’école du Centre, un seul des deux instituteurs étant rentré. Les garçons du hameau de Lausprelle devaient donc se déplacer jusque dans le centre du village, ce qui contrariait un peu les parents étant donné le long chemin à parcourir. Aujourd’hui, tout est rétabli, un jeune instituteur donnant les cours de lecture.

JEU DE BALLE

Les enfants s’ennuyent le dimanche chantait Charles TRENET. Les parents aussi. C’est que l’on n’a absolument rien pour se distraire. Il fait bon rester chez soi à la mauvaise saison, il n’en est pas de même par les beaux après-midis ensoleillés de la belle saison. Et forcément on se rappelle la saine distraction que procurait autrefois la petite balle au tamis et durant quelques années postérieures à 1930 la demi-dure. On se souvient aussi de l’enthousiasme que suscitait la belle phalange des « Coquis », championne de 3e catégorie en 1932 avec les POULAIN, POULEUR, SAINTHUILE, TENRET et BERNY, laquelle joua après remaniements en seconde, puis en première catégorie ainsi que les parties des « Mouchets » de Lausprelle. Toutes firent parler d’elles favorablement. Grâce à elles, tout le monde s’amusait le dimanche d’autant plus qu’il s’était créé une émulation régionale, une grande rivalité sportive. Pourquoi ne recommencerait-on pas en mettant en action les moyens dont on dispose actuellement ? Et si l’on jugeait que la balle au gant est trop coûteuse vu le coût des gants et la grande consommation de balles on pourrait jouer à la pelote dont la beauté est indiscutable et l’attrait très grand par les contre-rechas. C’est d’ailleurs le sport d’été en vogue actuellement.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 25 OCTOBRE 1940

IMPRUDENCE

Vendredi, une auto tirant une remorque, passait sur la grand’route. Soudain, la remorque se détacha, fila de côté et culbuta. Elle s’arrêta juste à temps pour ne pas blesser un garçonnet de 5 ans qui était debout devant sa maison ; le fils de Monsieur Pierre DECOURT, chef électricien à la division de Moncheret des Aciéries et Minières de la Sambre. On constata que la remorque était simplement attachée à la voiture avec une corde, ce qui est une grande imprudence.

MARGARINE

La margarine est arrivée dans les magasins, à la grande joie des ménagères qui se sentent soulagées. Tant mieux, cela va leur permettre de faire quelques bonnes sauces. Comme quoi, tout vient à point à qui sait attendre.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 26 OCTOBRE 1940

DEUX ACCIDENTS

Monsieur Marcel HOUYOUX, l’ancien coureur cycliste bien connu, habitant Bouffioulx, descendait à vélo la route de Villers-Poterie, lorsqu’il dérapa et s’abattit sur le sol. Après avoir reçu les premiers soins nécessités par son état, il fut transporté en ambulance à l’hôpital de Châtelet où il est resté en traitement. Le médecin a diagnostiqué une fracture du crâne. Cet accident a provoqué dans le village un grand émoi car la victime y avait eu jadis de nombreux admirateurs.

Marcel HOUYOUX 650

Mardi vers 4 heures de l’après-midi, un auto-camion a tamponné au quartier de la brasserie un cycliste rentrant de son travail. L’état de la victime, âgée de 60 ans, ne paraît pas bien grave.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 28 NOVEMBRE 1940

LES « BARRIÈRES »

Nous avons cité plus haut la «  Barrière » et la « Cabane ». Deux noms avons-nous écrit, qui pleurent bon le folklore. Et de fait, ils nous viennent d’une époque révolue. Il y avait 4 « Barrières » à Acoz : Une au hameau de Lausprelle, presque à la limite du village, sur la route qui mène à Couillet ; la seconde en plein cœur de la commune, près de la cure, aux 4 Chemins « Barrière di chez l’Curè » ; la troisième à la côte de Gerpinnes « Barrière dou Tienne » ; et la quatrième près de la «  vieille station ». De ce fait, les entrées et les sorties du village étaient bien gardées. Il ne s’agissait certes pas de fortins mais d’endroits où devaient être payé l’octroi. Les bureaux eux, dont deux se nommaient « cabanes » étaient naturellement des cabarets dont les tenanciers faisaient des affaires d’or. A cette époque déjà lointaine, tous les véhicules passant en ces lieux étaient soumis au paiement d’une taxe, ce qui ne se passait pas toujours sans heurts. Si les habitués s’arrêtaient de bonne grâce, principalement des routiers qui en profitaient pour boire une pinte, certains étrangers plus malins arrivaient au grand trot de leurs chevaux et brûlaient la consigne, sous les imprécations de la préposée qui n’arrêtait pas de crier : « Barrière ! Barrière !… ». Tous ces cabarets étaient aussi les lieux de rendez-vous des joyeux drilles et des Seigneurs Grandgoussiers héros de « pasquéyes » truculentes que les vieux ont conservées fraîches dans leurs mémoires. Breughel eût pu en ces lieux exercer son talent de peintre de la joie populaire. L’octroi fut supprimé il y a longtemps déjà et les cabarets un à un fermèrent leurs portes. Un seul resté en honneur « l’Barrière dou Tienne ». Un peu du passé est mort.  Nous avons voulu le faire revivre un instant.

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« GAZETTE DE CHARLEROI » 31 DECEMBRE 1940

OCCULTEZ LE MATIN COMME LE SOIR

Le Gouverneur de la Province du Hainaut nous communique : « L’autorité allemande se plaint que l’occultation n’est pas suffisante ». Il est rappelé qu’afin d’éviter de graves ennuis l’occultation doit être complète et que, contrairement à ce que beaucoup pensent, elle doit être faite le matin comme le soir jusqu’à ce que la lumière du jour soit bien complète. L’occultation des autos, motos, vélos doit aussi être entière ; on ne peut laisser diffuser que la lumière strictement nécessaire. Les véhicules qui ne satisferaient pas à ces conditions pourraient être saisis. Il importe que tous observent scrupuleusement ces règlements sous peine de se voir punir sévèrement et privés, le cas échéant, de leurs véhicules.

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Tous ces articles étaient signés « V.T. », les initiales de Victor TAMINES. Ce dernier habitait avec sa famille sur la place du Dessus-du-Bois. J’ai fréquenté l’école communale du village avec son fils Baudouin et celui-ci se connecte régulièrement sur notre blog. Il m’a donc été facile de le contacter pour lui demander de nous présenter son papa. Ce qu’il nous a fait avec grand plaisir.

Victor TAMINES

Il est né le 8 décembre 1909.

Il a fait ses études chez les Frères à Châtelet pour ensuite fréquenter l’école Pigier (École de commerce). Il a travaillé pour une société d’import-export avant de rejoindre les magasins « L’ABEILLE » à Marcinelle où il a rencontré Maman. (Maria SEGERS).

Ils ont eu deux enfants : Guy en 1936 et moi, Baudouin, en 1948.

Ils sont venus habiter à Acoz, d’abord à la rue de la Raguette avant de déménager à la rue du Dessus-du-Bois dans la maison où habitait mon grand-père paternel, veuf.

Papa fut employé aux Usines de Moncheret où il y restera jusqu’à son décès en 1968.

VICTOR TAMINES 650

Il a écrit des articles sur Acoz dans divers journaux régionaux : « Le Journal de Charleroi », « Le Rappel, » « L’ndépendance », » Vers l’Avenir. » Je crois aussi des articles plus généraux dans l’hebdomadaire « Le Moustique ». Ses sujets préférés, en dehors des événements locaux, étaient le jeu de balle dont il était grand amateur et les Marches de l’Entre-Sambre-et-Meuse. (Saint-Roch et Saint Frégo à Acoz et Sainte-Rolende à Gerpinnes auxquelles nous assistions sans faute chaque année).

En 1964, il a écrit quelques articles sur le passage des troupes françaises à Acoz et la chasse que leur fit l’armée allemande vers Gozée.

Il a participé aussi au « Comité Scolaire » sollicitant des lots auprès des entreprises pour des tombolas afin notamment de créer une bibliothèque à l’école communale.

Il s’est aussi beaucoup intéressé à l’histoire des habitants du château d’Acoz et à Octave PIRMEZ mais aussi à la famille de DORLODOT.

                                                              Baudouin TAMINES.

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© Alain GUILLAUME – 9 mai 2024.