Suite à la vente de leur maison familiale sise à la rue de Moncheret 137, Etienne et Luc ELOY, deux des enfants de Joseph et Francine ELOY-BOUSETTE, m’avaient invité à la visite des lieux.
A la première approche, on découvre la trace d’une annonce peinte au-dessus de la porte d’entrée. On peut y deviner le mot « CAFÉ », les deux autres lignes sont très difficiles à déchiffrer, pouvant avec peine reconnaître quelques lettres.
En me replongeant dans mes archives… une affiche, jaunie par le temps et dépliée avec délicatesse, annonce la vente publique de sable, organisée par l’administration communale d’Acoz, le 18 décembre 1923. (Voir ce blog, catégorie « souvenirs », janvier 2021). Au dos de ce document, la mention manuscrite : « Du café DAFFE-TENRET ». Dans le dossier consacré à « la carrière de grès à Acoz » (voir ce blog, catégorie « Acoz d’antan », de mars 2019), on apprend que cette propriété appartenait au couple Sylvain et Aline DAFFE-TENRET, arrière-grands-parents maternels de Thérèse, Etienne, Luc, Anne, Béatrice et Xavier.
On peut donc en déduire qu’Aline TENRET, épouse Sylvain DAFFE, y tenait un débit de boissons.
D’après les dires de Joseph et Francine, en ligne 3, il y serait inscrit « négociant en alcools et spiritueux ». On y devine encore le mot. « Négociant ».
Cette enseigne devait donc ressembler à cette reconstitution :
Une deuxième découverte
Lors de la visite de l’intérieur de l’immeuble, Etienne tenait à me montrer l’archelle à verres, toujours présente dans la pièce qui faisait office de café, ainsi qu’un vestige scellé dans la cave.
Les explications d’Etienne :
« Devant l’archelle à verres que tu as photographiée, il y avait un comptoir sur lequel était fixée une pompe à main qui servait à aspirer de l’air et l’envoyer dans cette cuve pour le stocker sous pression. Cette cuve était reliée au tonneau de bière par un petit tuyau le mettant sous pression afin d’envoyer la bière au comptoir. Lorsque la pression diminuait, la personne ne devait pas descendre à la cave pour en remettre, il lui suffisait d’actionner la pompe du bar.
Si on observe bien la cuve, on remarque un cercle au centre, qui est un couvercle avec joint afin de garantir l’étanchéité. De part et d’autre de ce couvercle, on voit 2 oreilles rectangulaires qui étaient traversées par une barre très rigide avec en son centre une grosse vis de pression pour maintenir le couvercle bien fermé.
On distingue aussi, 4 petites buselures qui servaient à recevoir les tuyaux d’entrée d’air et de sortie vers le ou les tonneaux ainsi qu’un manomètre.
En quelque sorte, c’est l’ancêtre de la bonbonne de gaz actuelle. »
L’activité du café doit avoir cessé vers 1926, date du décès d’Aline. Leur fille Lucie avait épousé Gaston BOUSETTE en 1919. Le couple habitera sous le toit familial. (Voir le livre « ACOZ ET LA GUERRE 14-18 – Geneviève LUSIAUX et GUY ANTOINE – pages 105).
L’annexe
L’annexe de cette grande demeure était occupée par les bureaux de la carrière de grès, gérée par Sylvain DAFFE jusqu’à la fin des activités vers 1929. Le bureau des postes y sera installé en 1952 jusqu’à sa fermeture en 1986. (Voir ce blog, catégorie « souvenirs « , d’octobre 2020.) Elle sera abattue le 12 décembre 2020. (Voir ce blog, catégorie « souvenirs « , de décembre 2020).
Le nouveau propriétaire
En ce début d’année 2021, j’ai fait la connaissance du nouveau propriétaire. Il s’agit de Julien MENEGUZZI. Il a grandi dans notre village, à la rue des Ecoles, voisin de la famille CHIF. Souvenons-nous, sa maman tenait un salon de toilettage pour chiens.
Il est indépendant et gère la sprl A.T.A., aménagements techniques et artisanat.
Les travaux vont bon train et la partie droite du bâtiment sera bientôt complètement rénovée.
Julien m’a expliqué qu’il avait remblayé la cave où se trouvait la cuve et où y étaient emmurés deux coffres forts. Avant le remblaiement, il y a déposé une lettre ainsi qu’une bouteille de trappiste ORVAL.
Ces coffres forts auraient-ils été placés lors de la constitution de la société de carrière de grès ?
Tournons-nous vers Etienne ELOY :
« Ils ont été placés après l’exploitation de la carrière. Papa était très précautionneux étant donné que le bureau de poste pouvait attirer les vols. On y déposait les documents importants, contrats d’assurance, carnet de mariage, actes notariés, clés du bureau de poste, etc…
Si le nouveau propriétaire a déposé une bouteille et une lettre, pour qu’un jour peut-être…
Papa, lui, avait l’habitude lors des travaux d’écrire sur les murs les dates de ceux-ci, le temps qu’il faisait ainsi que les événements marquants de la vie pendant les travaux. Parfois, il écrivait aussi sur une planchette qu’il déposait dans un gitage ou un faux plafond en fonction des travaux réalisés.
Quand nous avons vidé la maison, nous avons retrouvé un petit carrelage de sol sur lequel notre grand-père Gaston BOUSETTE avait lui aussi inscrit un commentaire :
C’était probablement une tradition dans la famille ELOY-BOUSETTE car je fais de même. »
© Alain GUILLAUME – Février 2021.
Magnifique…merci pour ce partage et quel retour en arrière..
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Michel ROBERT :
Magnifique, Alain
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Un beau saut dans le passé ! Merci Alain
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