En 1866, une nouvelle épidémie de choléra sévit dans notre région ; ce n’est pas la première durant ce XIXe siècle, mais la précédente en 1849 a laissé de très mauvais souvenirs avec plusieurs décès observés, dont celui de Thérèse HOUYOUX, l’épouse du Baron Eugène de DORLODOT.
Il n’est donc pas étonnant que la population se mobilise pour tenter cette fois de juguler au mieux le risque. En plus de saint Frégo qu’on invoquait de manière traditionnelle dans le village, on décide de s’adresser également à saint Roch, bien connu et beaucoup prié dans les environs. Une statue est donc acquise, et pour la première fois, les habitants vont la promener à travers le village afin que le saint protège toute la population. Et le saint accorda sa protection…
Ainsi, depuis 1866, chaque année, la statue de saint Roch est promenée à travers le village « jusque Lausprelle », comme s’y est engagé le comité en 1884.

Malheureusement, probablement dans les années 1970, des Marcheurs laissent tomber la statue lors de la Marche Saint-Roch et Saint-Frégo. Une nouvelle statue remplace la première, mais la Fabrique d’Eglise décide de tenter la réparation de la statue originale et la confie à l’Institut Saint-Paul de Florennes, section « bois ».
La cassure siège surtout au niveau de la tête qui est détachée du tronc ; les professeurs et étudiants parviennent à refixer parfaitement la tête, moyennant une utilisation prolifique de mastic, dont ils font encore usage pour combler d’autres anomalies, fissures ou lacunes observées. Si bien que la statue ne peut plus être exposée, et que la couche picturale qui la recouvre ne peut plus être rétablie. La statue est ainsi rendue à Marcel DEBERG, trésorier à l’époque, qui la conserve chez lui.
Les années passent, on oublie la statue, le conseil se renouvelle, mais Marcel DEBERG est toujours présent. Un soir, lors d’une réunion de la Fabrique d’Eglise, Marcel nous apporte la statue… Tous, nous sommes sidérés : nous connaissions l’histoire de la statue, mais tous, nous pensions qu’elle avait été éliminée après l’accident. Et la voilà devant nous, entière, mais complètement maculée de mastic blanc.

Le soir même, la décision est prise : la statue sera confiée à l’Ecole de la Cambre, à Madame DECROLY, responsable de la restauration des sculptures, et qui a déjà restauré nos bustes-reliquaires en 2005-2006. Le dépôt est officialisé en juin 2008.
Le travail sera long car, au départ, peu gratifiant pour les étudiants : il faut commencer par dissoudre le mastic et le retirer petit à petit sans altérer la couche picturale sous-jacente. Et puis vient seulement le travail de restauration proprement dit, qui répare les lacunes, les fissures ou les dégâts provoqués par des insectes xylophages, et corrige les altérations de la polychromie.

Après 15 années de travail réalisé par une vingtaine d’étudiants, ce 11 octobre 2023, nous récupérons enfin notre statue de saint Roch, remise à neuf, telle qu’elle était en 1866, lorsque les Acoziens la promenèrent pour la première fois dans les rues d’Acoz…
Cette statue de saint Roch est à nouveau exposée dans notre église, mais pour lui éviter de vivre à nouveau une mauvaise aventure, c’est toujours la statue de plâtre qui sortira lors de la Marche Saint-Roch et Saint-Frégo…
Caractéristiques de la statue
Datation : entre 1851 et 1900, selon l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (IRPA)
Composition : statue de bois (tilleul), évidée afin d’éviter les fentes de cœur, et refermée par une planche à l’arrière.
Polychromie : la polychromie actuelle est la troisième appliquée sur la statue ; sur le dos du manteau, deux petites plages laissant voir les polychromies antérieures ont été conservées.
Exemple de restauration : index de la main gauche


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© Bernard ALEXANDRE – 29 novembre 2023.



















