La ducasse du Dessus-du-Bois

Suite au dossier posté sur le blog concernant les fêtes communales d’Acoz, Olivier GUILLAUME m’a confié deux coupures de presse parues dans la presse régionale au début des années 60.

A propos de la ducasse du Dessus-du-Bois

Naguère, au début septembre, se déroulait dans une ambiance extraordinaire et au milieu de la bonne odeur des tartes aux prunes « Altesse » la ducasse du Dessus-du-Bois. Elle connaissait un grand succès puisqu’elle était la plus achalandée de toute la contrée. En a-t-on parlé de « L’Ducasse du d’Seu-du-Bos » ! Et y est-on accouru de partout avec joie, avec enthousiasme !
C’est loin tout cela puisqu’elle est disparue depuis quarante ans.
Après la Seconde Guerre mondiale, celle de la rue des Ecoles prit sa succession, mais elle ne dura que ce que durent les roses… malgré le succès qu’elle remportait.
Il n’y a rien d’étonnant à cela nous dira-t-on puisque la télévision et les voyages ont pris le pas sur les anciennes activités récréatives.
La TV, parlons-en… à propos des ducasses. Ne voit-on pas des tas de gens s’asseoir devant leur poste de télévision pour suivre les « Jeux Sans Frontières » dont les jeux dits sportifs ne sont que des jeux de ducasses en plus grand, nous pouvons le dire. Alors pourquoi se passionner pour ces jeux sans frontières et se désintéresser des ducasses ?… avec la « perche à savon », les courses « en sac » et autres jeux populaires. Et aussi le jeu de balle, le feu d’artifice et même un concert. Sans compter qu’un bal champêtre « sur piste » aurait encore du succès, croyez-le bien. Mais pour cela il faudrait des organisateurs et de l’argent.

17 Fete Dessus-du-Bois 1924 640

16 Villa Mon Caprice 1925 640

ACOZ – Pour une restauration des ducasses régionales

Ducasse ! Naguère le jour de la ducasse à Acoz, Villers-Poterie, Gougnies, Joncret était une cité du rire et de la vie trépidante, on oubliait le chant des oiseaux, la solitude des campagnes, le travail à la carrière, le tonnerre de l’usine. La fanfare régnait en maître dans les rues ou sur le kiosque. On jouait à la balle au gant dans la rue des Bèguènes à Acoz, au Baty à Villers, sur la place à Gougnies, et l’on adorait surtout le tamis dans la « rue » à Joncret. La Fanfare d’Acoz y donnait un concert car partout en ces patelins on l’aimait bien. Les chevaux de bois tournaient en emportant sur leurs harnais les petits cavaliers. Les marchands de frites et de crème glacée étaient pris d’assaut par une ribambelle de gamins en courte culotte. Tirs aux pipes, tirs aux chandelles avec des mousquetons de Marcheurs… Bals au son d’un orchestre de bals champêtres sous les guirlandes de lanternes vénitiennes, jusque fort tard. Valses, polkas, quadrille des lanciers. Jeu de balle au gant, bal champêtre et encore attractions foraines le lundi. « Tour de la jeunesse » aussi, autre concert aussi peut-être par une musique amie. Amusements divers selon les patelins. Mémorable ducasse du Dessus-du-Bois, la plus pimpante, la plus populaire aussi que personne n’aurait voulu manquer. Le mardi, jeux populaires, bal et brûlage de la ducasse. Mercredi, regret que c’était fini déjà… Ah ! Les ducasses d’antan ! Où sont-elles ? Les jeunes qui ne les ont pas connues ne se font aucune idée de leur charme, de l’entrain et de la joie qu’elles provoquaient chez les vieux autant que chez les jeunes.
Aussi, on est en droit de se demander si l’on ne devrait pas mettre tout en œuvre pour restaurer ces ducasses en les mettant au goût du jour, sans renier l’orchestre itinérant irremplaçable, on doit le savoir, le concert, le jeu de balle et autres distractions modernes parmi quelques amusements anciens… qui ne déplairaient pas aux jeunes et vieux. Avec, comme attraction sportive, du jeu de balle, le sport roi des ducasses dans la région, celui dont aucune ducasse ne peut se passer. Et des bals avec orchestre qui jouerait aussi bien pour faire danser les vieux que les jeunes. Sans oublier les innovations qui s’imposent parce qu’elles sont en rapport avec les goûts de notre époque.
Oui, en procédant de la sorte, un comité de jeunesse pourrait prétendre rénover la ducasse de son patelin pour la plus grande joie de toute la population.

*****

© Alain GUILLAUME – 9 novembre 2023.

Les fêtes communales d’Acoz avant la Seconde Guerre mondiale

Jean-Louis HENRIET nous a transmis ces deux affiches relatives aux fêtes communales d’Acoz de 1936 et 1938.

AF FETES ACOZ 1936 640

AF FETES ACOZ 1938 640

Le comité de l’époque

Paul ERNOULD 300Arthur JOACHIM 300Achille SAINTHUILE 300Jules GIGOT 300

Relatons les souvenirs

Elles étaient organisées par les comités de jeunesse, ceux-ci étant réservés aux jeunes hommes célibataires, appelés « chefs de jeunesse ». Ils étaient reconnaissables à la cocarde multicolore épinglée au revers de la veste.

CHEFS DE JEUNESSE 1920 640

2-chefs-de-jeunesse 640

23 Fete Acoz juillet 1959 640

Les fêtes communales acoziennes étaient traditionnellement organisées le deuxième dimanche de juillet. Elles étaient en partie financées par la collecte en porte-à-porte à travers tout le village et les listes de souscription affichées dans les divers cafés.

Les activités principales étaient concentrées sur la place de l’église où le kiosque était monté en plein centre, entouré d’une piste réservée à la danse. Cette piste en bois attirait toutes les attentions en subissant un traitement à la cire ou au talc, très apprécié des valseurs. De longues guirlandes lumineuses avec 200, voire 400 ampoules, étaient pendues au-dessus du lieu. On ne connaissait pas encore la crise énergétique !

Le programme présenté ne changeait guère d’année en année avec les concerts des fanfares d’Acoz et parfois celles de phalanges musicales régionales, les rencontres de balle pelote, des jeux dans les divers quartiers, la messe de la jeunesse en l’église paroissiale…

Ces 3 jours de fête, étalés du dimanche au mardi, étaient l’occasion de retrouvailles familiales et amicales.

Les fanfares d’Acoz

Leurs statuts stipulaient l’obligation d’offrir un concert aux fêtes communales et une prestation annuelle dans les rues du village.

Les bals

L’accès y était gratuit. L’ambiance était assurée par de petits orchestres avec accordéon, batterie, saxophone, trompette. Souvent les musiciens provenaient de la localité ou des villages avoisinants. Les valses, tangos et marches étaient les plus appréciés.

Le bal renversé

Il était de bon usage que les jeunes hommes se présentent devant les parents de la jeune fille avec laquelle ils désiraient danser. Dans les années 60, Salvatore ADAMO n’y était pas insensible et nous le rappelait, avec la chanson qui remporta un succès international : « Vous permettez, Monsieur ».

Un moment apprécié par certaines… le bal renversé donnait l’occasion aux jeunes filles d’inviter. Le moment redouté par certains qui préféraient s’éclipser !

La sortie musicale du lundi

Elle était confiée à un petit groupe de musiciens, généralement du village, qui déambulait dans les rues, visitait les nombreux débits de boissons et était parfois invité chez les particuliers.

FETE COM. ACOZ vers 1920 640_InPixio

18 Fête d'Acoz vers 1955-1958 640

Le concert des mirlitons

Appelé aussi « concert extraordinaire », c’était le moment tant attendu des fêtes communales. « Monsieur tout le monde » se présentait sur le kiosque et interprétait des airs connus au moyen d’un instrument original, allant du simple tuyau au mirliton, instrument de musique dans lequel le souffle humain fait vibrer une membrane afin de modifier la voix qui parle ou chante.

Mirliton 640

La présentation était confiée à Emile LECLERCQ, l’amuseur du village (voir le blog, « Monument aux Morts », catégorie « patriotisme », janvier 2020).

EMILE LECLERCQ 640

Les forains

Ils occupaient les endroits proches de la place de l’église. Le carrousel enfantin était attendu autant par les parents que par les enfants. Qui ne se souvient pas du ballon avec la floche que l’on essayait de saisir à chaque passage près de la caisse ? L’heureux gagnant avait droit à un tour gratuit. Les balançoires à nacelles, les tirs à pipe avec les imposants lots à gagner, la pêche aux canards… sans oublier la baraque à frites. Ces frites, cuites à la graisse de bœuf ou de cheval, étaient servies en sachet conique ; les sauces moutarde et mayonnaise étaient gratuites et versées directement sur les frites. A noter que les tenanciers de débits de boissons ne voyaient pas d’un bon œil les « satchos d’frites » qui laissaient des traces grasses sur le bord des verres, responsables des cols sans mousse.

Les mardis, les enfants attendaient avec impatience le passage des « chefs de jeunesse » pour la distribution gratuite des tickets aux différentes loges foraines.

Carrousel 640

floche 640

BALANCOIRES 640

tir à pipes 640

peche canards 640

sachet de frites 640

L’enterrement de la tarte

Pour clore les festivités, toute la population se réunissait sur la place de l’église le mardi avant minuit. Moment festif avec les « chefs de jeunesse » qui creusaient un trou au pied du kiosque (la place n’était pas encore asphaltée) pour y déposer une tarte en signe de fin des festivités ; tout cela bien sûr avec l’ambiance musicale assurée par « l’orchestre de la ducasse ».

 

Dans les années 50, le corps d’office de la Marche Saint-Roch et Saint-Frégo organisait une sortie le dimanche après-midi. Parfois, la fanfare les accompagnait en visitant les divers cafés du village.

Vers 1975, le comité de jeu de balle pelote « Acoz les Coquis » dirigé par Fernand HANQUART, tenancier du café « Au Voltigeur », reprend les rênes des fêtes communales avec l’implantation d’un chapiteau sur l’emplacement du magasin « Louis Delhaize », abattu pour faire place à l’imposant bâtiment qui abritera les installations de la RTT (actuellement « Proximus »).

En juillet 1987, un dynamique comité des jeunes relance la ducasse avec de nombreuses activités durant les trois jours (voir ce blog : « 35 ans plus tard… », catégorie « comité des jeunes », mars 2023).

Vers 2001, un nouveau comité de jeu de balle pelote voit le jour et relance les festivités, d’abord sur la place supérieure du centre avant de rejoindre les abords du ballodrome situé au quartier de l’ancienne gare.

Voilà plus de 20 ans que les fêtes communales d’Acoz ne sont plus organisées, contrairement aux villages avoisinants où cette tradition est toujours d’actualité. Peut-être un jour…

******

© Alain GUILLAUME – Juin 2023