Le moulin « Scieur » à Acoz

Le moulin d’Harnenvaulx, ou moulin Syeûr (en wallon), ou moulin de Bruges ou encore moulin Pirmez, était un moulin à eau bâti au lieu-dit « Au Moulin » – rue de Moncheret (route de Gerpinnes) – au bout d’une impasse, à mi-distance entre Acoz et Gerpinnes (plan parcellaire de Pop, section C n° 126).

Moulin Scieur 1909 640

Naturellement, il se trouve sur le cours d’eau appelé anciennement « La Biesme d’Acoz », actuellement dénommé « Ruisseau d’Hanzinne ».

L’alimentation du moulin se faisait par l’intermédiaire d’une dérivation dont le départ se situait à environ 600 mètres en amont du moulin, au lieu-dit « La Batte ».

LA BATTE 640

RUISSEAU (LA BATTE) 640

Cette dérivation suivait le versant gauche de la vallée et a probablement dû être déplacée ou aménagée suite à l’établissement de la voie de chemin de fer qui suit le fond de la vallée.

On peut toujours découvrir les vestiges du bief qui se détache du cours d’eau là où celui-ci passe du côté Est de la voie ferrée (actuellement le RAVeL).

PONT BIEF 640

Il suit ensuite le talus de l’assiette de cette dernière avant de passer sur le côté Ouest, tandis que la rivière continue encore sur une centaine de mètres sur le côté Est. Ensuite, ce bief prend la courbure du versant avant de déboucher contre le pignon formant l’extrémité Sud de l’ensemble ferme-moulin. Ce dernier constitue un très bel exemple de l’association des réseaux hydrauliques avec d’autres équipements, notamment ferroviaires, de fond de vallée.

LE TRACE DU BIEF 300Dpi (2)

Le bief alimentait un petit étang. L’eau s’engouffrait dans une canalisation d’un diamètre de 50 centimètres pour remplir un réservoir métallique. C’est de ce dernier que le courant d’eau lâché actionnait la roue.

ETANG 1960 500

CHUTE D'EAU 640

ancienne chute 550

ACCES TUNNEL 500

Etang asséché 640

Mais, s’agitait-il d’une roue ou bien de deux ?
En regardant les deux peintures de l’artiste gerpinnois Henri DEGLUME (1865-1940), on en aperçoit deux ; malheureusement, aucune photographie ne peut nous éclairer.

Peinture DEGLUME 1 840

Peinture Degmule 2 840

Il fallait donc se rendre sur place pour, peut-être, y découvrir des vestiges.

Lors de ma visite, Patrick et Anne, les actuels propriétaires, m’ont très gentiment reçu et permis de découvrir sur le pignon l’emplacement de deux axes, ce qui conforte la présence de deux roues. Ces dernières auraient été enlevées dans les années 50.

2 axes 840

Ensuite, ils m’ont invité à visiter l’annexe qui renfermait le mécanisme. Ce dernier a complètement disparu mais une des grosses meules est toujours en place, scellée dans le sol. Et la seconde ? Patrick et Anne m’ont conduit dans la cour intérieure où j’ai pu la découvrir, installée confortablement dans un parterre accueillant de belles plantations.

Meule intérieure 640

Meule extérieure 640

Dans la prairie jouxtant le moulin, un tunnel en pierre, bien conservé, servait de trop-plein au bief et amenait l’eau excédentaire retrouver le ruisseau. Au même endroit une source coule toujours en permanence et abreuve le cheptel.

PLAN AERIEN 640

Tunnel trop plein 640

SOURCE MOULIN 640

Le moulin fait partie d’une exploitation agricole assez considérable. On y distingue notamment une vaste grange portant le millésime 1826 ; elle est établie contre le versant gauche de la vallée et de larges baies percées dans la façade lui donnent une physionomie particulière. Epousant la courbure de la vallée, une aile regroupant une écurie, le corps de logis et le moulin proprement dit se situe dans le prolongement de la grange. C’est la position de ces divers bâtiments contre le talus formant le bord de la vallée qui explique la dénivellation entre les deux façades de cette longue aile. Le rez-de-chaussée, côté talus, correspond de cette manière à l’étage, côté cour. Malgré ses fonctions diverses, toute l’aile de bâtisse présente une hauteur constante, ce qui assure une large étendue à l’étage habité. On se souviendra que ce qui apparaît ainsi comme un étage du côté cour, correspond au rez-de-chaussée du côté du talus.

1826 640

1826 2 640

Le moulin proprement dit se trouve à l’extrémité de cette aile. Un double élargissement, côté cour, se manifeste dans ce secteur. Le premier correspond à un débordement d’un bon mètre par rapport à l’alignement du corps de logis ; le second élargissement va nettement plus loin. Il est couvert d’une toiture en appentis dans le prolongement de la toiture en bâtière. Une entrée en oblique relie les deux alignements. Au-dessus de la porte (encadrée de piédroits et de claveaux en pierre de taille), une niche abrite la statue de sainte Catherine, patronne des meuniers.

corps logies 640

Minoterie 640

Potale 640

SON HISTOIRE

Sans doute un des plus vieux moulins à eau de la région car on en parlait déjà en 1339, étant la propriété de Otton de Loverval.

En 1350, il appartint au Comte de Namur et en 1547,  à Remy le Foulon qui le transforma en moulin à farine.
En 1554, il fut cédé en location à Hélène BERTRAND-DELVAUX et ensuite à son fils Michel DELVAUX.
En 1566, il portera le nom de « moulin d’Hernivaulx ou moulin d’Harnenvaulx ».

Vers 1603, il fut vendu à un certain Etienne POILVACHE pour la somme de 2.200 florins.

Ferraris moulin Acoz 1701 840

C’est en 1826 qu’une annexe fut construite et tout l’ensemble devint la propriété de la famille de BRUGES.

Vers 1920, le moulin devint la propriété de la famille PIRMEZ qui la mit en location à Joseph et Luce BEGUIN-BERLIER (de 1903 à 1919). Le couple employait Désiré DIMANCHE, Germaine VANGYSEL et Marthe LIBERT.

Octave et Anne-Marie COLLET-DUBUISSON, originaires de Pont-de-Loup, sont arrivés au moulin en 1919. A ce moment, le moulin était toujours en activité et c’était un certain CHEVALIER qui s’occupait de moudre le grain jusqu’en 1920, date de l’arrêt définitif du moulin. Octave et Anne-Marie ont eu 8 enfants dont 4 sont nés à Acoz et en 1927, ils déménageaient à Villers-Poterie, pour tenir la ferme ‘’ Fraiture’’, propriété de la famille PIRMEZ. D’après Franz COLLET, un des fils, ses parents avaient signé un contrat de métayage (Le métayage était un type de bail rural dans lequel un propriétaire, le bailleur, confie à un métayer le soin de cultiver une terre en échange d’une partie de la récolte).

OCTAVE COLLET ANNE-MARIE DUBUISSON 660

6 FRERES COLLET 660

 

Nombreux locataires se succédèrent à Acoz : Henry DUMONT en 1928 et ensuite un appelé Romain DELYSSE.

 

Georges BERGER et son épouse Pauline VANACKER ont repris la ferme du moulin en 1932, aidés de leurs 4 fils : Marcel, Léon, Fernand et René. Après la guerre, Marcel et Fernand leur ont succédé.

Marcel Florence BERGER 640

Marcel et Michel BERGER 400

René BERGER 400

René BEREGER 2 640

René BERGER avait épousé Alice TENRET. Ils tenaient une ferme dans le centre de Villers-Poterie. Ils ont eu trois enfants : Michèle, Guy et Martine.

Georgette BERGER, fille de Marcel, avait épousé André TENRET. Ils tenaient une ferme sise à la rue des Ecoles à Acoz (actuellement propriété de la famille CHIF). Ils ont eu trois enfants : Philippe, Marc et Rita.

 

En 1953, Aloïs CREMELIE, venu des Flandres, s’y installa avec son épouse Elza VAN LAERE. Ce couple eut 8 enfants. En 1973, leur fils Gérard  et son épouse Andréa VAN DE VELDE rachetèrent la propriété et c’est actuellement leur fils Patrick et son épouse Anne VAN DOOREN qui y résident avec leurs trois enfants.
Patrick gère un fameux cheptel de 400 bêtes qui profitent des nombreuses pâtures avoisinantes. Début 2017, il décide de se tourner vers la culture. Il vend tout le cheptel et les pâtures font place à la culture de maïs et autres froments sur une superficie de 120 hectares.

ALOIS ET ELZA 1932 MARIAGE web

ELZA VAN LAERE 1953 web

FAMILLE CREMELIE 1959 web

GERARD et Andréa WEB

Patrick CREMELIE web

 


Je tiens à remercier Franz COLLET, Philippe TENRET, la famille CREMELIE, Christian DENEFFE pour l’aide précieuse apportée  lors de la préparation de ce dossier.

JUIN 2019 640

© Alain GUILLAUME – Septembre 2019

6 commentaires sur « Le moulin « Scieur » à Acoz »

  1. Thierry LOUIS :
    Gamin, cruche à la main, je descendais avec ma mère chercher du lait.
    Je me souviens avec une certaine émotion de Clarisse et de nos visites auprès des animaux. En fait, pour moi, c’était la découverte de la ferme ; ça reste un beau souvenir d’enfance.

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